Durant le Carbonifère [-360 à -300 millions d’années (Ma) ], des massifs granitiques sont apparus, tels celui dit “Saint-Cierge-la-Serre Tournon“. Les terrains environnants ont été métamorphisés (compressés, recuits…) et, par de nombreuses failles et fractures, tant dans le massif qu’autour, sont remontés des matériaux riches en métaux, métalloïdes… (appelés “métaux“ pour simplifier la lecture). Ces filons ont fait l’objet d’exploitation en mines souterraines à faible profondeur sur Saint-Cierge-la-Serre et Flaviac donnant Plomb, Zinc, Argent et les éléments généralement associés, pour des quantités considérées comme modestes (quelques milliers de tonnes).
Durant le Trias (-250 à -200 Ma), l‘érosion a réduit ce massif (à l’origine peut-être aussi haut que l’Himalaya actuellement). Les produits de cette érosion (principalement du sable) se sont déposés tout près. La compression a transformé ces sables en grès, que l‘on retrouve aujourd’hui en formations puissantes (épaisseur de plusieurs centaines de mètres) depuis Pranles (la Chièze) jusqu’à Saint-Priest et nommé “Grès du bassin de Privas“. On trouve aussi, en mélange, des calcaires et dolomies de la même période.
Les matériaux les plus denses (masse volumique de la silice 2 200 kg/m3, du sulfure de zinc 4 000, du sulfure de Plomb 7 600…) ont tendance à se déposer au plus près. Dans les grès (voire calcaires ou dolomies) déposés dans ces situations on trouvera donc des bancs relativement concentrés en “métaux“, résultant de filons de centaines de mètres de hauteur. Les mines de Largentière, situées dans des grès similaires ont, de 1964 à 1982, fourni 356 203 tonnes de plomb, 68 569 tonnes de zinc et 750 tonnes d’argent, incomparablement plus que celles exploitées dans les schistes et micaschistes de Saint-André-Lachamp en amont, vite abandonnées par manque de rentabilité. Comme tout ce qui est présent dans les granits, insoluble et dense, on y retrouve aussi de l‘Uranium.
Durant Jurassique puis Crétacé (-200 à -145 et -145 à -65 Ma), les grès ont été recouverts par marnes ou calcaires, selon la profondeur de la mer présente.
Le Paléogène (-65 à -23 Ma) voit les surrections alpine et pyrénéenne et le soulèvement du rebord cévenol. Si à l’ouest de la commune de Pranles le socle (granits pour simplifier) est à l’altitude d’environ 600 m, au Vaillol (500 m au Sud-Est de la mairie de Creysseilles), il est à 350 m et à la Croix-d’Or (1,6 km à l’Ouest du village de Saint-Priest), il est à seulement 27 m ! Dans des sondages effectués en vallée du Rhône (Marsanne, à une trentaine de km au Sud-Est de Pranles), on ne l’a pas trouvé à 5 000 m de profondeur, signe de l’importance de la faille. Ce gigantesque soulèvement a aussi engendré beaucoup d’autres failles et fracturations, visibles un peu partout et qui rendent difficile toute analyse générale du secteur.
Le plateau des Coirons (9,7 à 4,5 Ma, fin du Miocène au Pliocène) est composé de laves (volcanisme dit “de fond de vallée“), qui ont recouvert des terrains plus anciens, ainsi préservés de l’érosion (400 m entre Freyssenet et Privas, en moyenne 70 μm par an dans ce cas). Les basaltes allant du Roc de Gourdon à Lavayas sont réputés du même système que ceux des Coirons et recouvrent en général des grès. Ça et là, on trouve de petits pointements basaltiques. Les massifs basaltiques, souvent formés de couches de basaltes très fissurés alternant avec des couches de “scories“ sont d’excellents réservoirs d’eau. Ils ne fournissent pas d’éléments indésirables aux eaux. Étant en général perchés, ils permettent une alimentation gravitaire, reçoivent en général plus de précipitations et se prêtent difficilement à culture ou élevage intensifs. Il convient de les préserver des atteintes, car ils sont des gisements de la plus précieuse des ressources : l’eau pure et renouvelée. Dans le cadre de la relance minière actuellement mise en œuvre, les grès du bassin de Privas ont pourtant toute leur place et leur exploitation obligera à arbitrer entre des intérêts contradictoires.
Oleg Hugo – octobre 2014